Webinar ACLF 2020

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SP1 - DPN, DPI, DPNI, infertilité

Sophie Brouillet

Sophie Brouillet (CHU de Montpellier - Université de Montpellier)

Le diagnostic pré-implantatoire non-invasif : mythe ou réalité ?

Le diagnostic génétique pré-implantatoire (DPI) consiste à évaluer le statut génétique d'embryons humains obtenus par fécondation in vitro (FIV) dans le cadre d'un risque de transmission d'une pathologie génétique d'une particulière gravité. En pratique clinique, le DPI nécessite le prélèvement de quelques cellules embryonnaires pour obtenir de l'ADN à analyser par des techniques de génétique moléculaire ou de cytogénétique. Or, ce prélèvement invasif peut diminuer la survie de l'embryon, menaçant alors les chances de naissances vivantes en FIV-DPI. De plus, la faible quantité extraite d'ADN et la présence de mosaïcisme embryonnaire peuvent venir fragiliser la fiabilité du DPI. En recherche, de nouvelles données de la littérature rapportent la présence d'ADN dans le milieu de culture des embryons en FIV-DPI, ouvrant ainsi des perspectives prometteuses dans le diagnostic non-invasif des pathologies génétiques de l'embryon préimplantatoire humain. Quelle est l'origine de cet ADN ? Cette source est elle fiable pour établir un diagnostic génétique ? Existe t il un risque de contamination par de l'ADN maternel ou de l'ADN exogène lors des expérimentations au laboratoire ? Les avantages, les limites et les pistes d'amélioration du DPI non-invasif seront développés dans la présentation. Un protocole optimisé de DPI non-invasif sera également proposé.


Zine-Eddine Kherraf

Zine-Eddine Kherraf (CHU Grenoble Alpes - Institut pour l’Avancée des Biosciences, Grenoble)

Intérêt diagnostique et pronostique de l'exome dans la prise en charge de l’azoospermie non-obstructive

L’azoospermie non obstructive (ANO), définie comme l'absence de spermatozoïdes dans l'éjaculat en raison d'une spermatogenèse défectueuse, est une cause fréquente d'infertilité masculine. Les tests génétiques proposés en routine actuellement ne permettent de diagnostiquer qu'environ 20% des patients testés. L'extraction testiculaire de spermatozoïdes (TESE) suivie d'une injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) est la seule option pour obtenir une grossesse intraconjugale. Le taux de succès de cette procédure est faible et elle ne peut réussir pour les sujets présentant un arrêt spermatogénique méiotique ou pré-méiotique. En effet, ces anomalies spermatogéniques ne permettent pas la formation d’un gamète haploïde. Il est donc important d’améliorer l’efficacité des diagnostics génétiques proposés ainsi que la corrélation génotype-phénotype afin d’éviter des interventions chirurgicales inutiles.
L’étude exhaustive de la littérature scientifique nous a permis d’identifier un total de 142 gènes candidats pour le diagnostic de l’ANO et de prédire l’effet de l’invalidation de chacun de ces gènes sur la spermatogenèse, et donc de proposer un pronostic de réussite de la TESE-ICSI basé sur le génotype du patient. Pour tester la pertinence de cette liste et du pronostic associé, nous avons recruté 96 sujets infertiles atteints d’ANO, négatifs aux tests génétiques de routine (caryotype et recherche de microdélétions du chromosome Y) et ayant bénéficié d’une TESE a visée thérapeutique associée à une étude histologique du parenchyme testiculaire permettant d’individualiser 6 phénotypes pathologiques (syndrome de cellules de Sertoli seules, dégénérescence testiculaire, hypospermatogenèse, et arrêts spermatogéniques pré-méiotique, méiotique et post-méiotique). Un séquençage exomique a été réalisé pour la totalité des sujets inclus dans l’étude, les variants ont été filtrés en fonction de leur fréquence et de leur impact prévu. Un diagnostic positif a été attribué lorsque les sujets portaient des variants délétères homozygotes ou hémizygotes dans l’un des 142 gènes candidats. Pour les patients positifs, l’atteinte spermatogénique prédite a été comparée à l’atteinte observée lors de l’étude histologique. L'analyse des résultats du séquençage exomique nous a permis d’obtenir un diagnostic pour 23 (24%) sujets. Parmi les 18 gènes candidats identifiés avec des variants délétères, 14 concernant 17 (74%) patients, étaient prédits pour entrainer un défaut précoce de la spermatogenèse non compatible avec une TESE. Pour 15 sur ces 17 patients, aucun spermatozoïde n'a pu être récupéré par TESE, confirmant la pertinence pronostique de notre panel.
Enfin, la stratégie présentée ici nous a permis d’obtenir un diagnostic génétique pour 24% des sujets étudiés, doublant ainsi l'efficacité actuelle du diagnostic génétique de routine. Trois quarts des patients diagnostiqués avaient un mauvais pronostic TESE et beaucoup auraient pu éviter cette chirurgie. Cette stratégie peut donc servir de guide pour améliorer le diagnostic et la prise en charge thérapeutique de l’ANO.